Recherches de Semmelweis sur la fièvre purpérale
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Comment tester une hypothèse?
Quelques thèmes de réflexion
Semmelweis fait l'hypothèse que la fièvre purpérale est causée par un empoisonnement du sang causé par la matière cadavérique.
Il en infère des mesures d'hygiène qui devraient faire baisser la mortalité chez les patientes.
L'expérimentation lui donne raison. Cependant, le raisonnement est fautif, comme le raisonnement suivant:
S'il pleut, alors le sol est mouillé
Or le sol est mouillé
Donc il pleut
En effet, le sol peut être mouillé par autre chose que la pluie.
De même, la matière cadavérique n'est peut-être pas la seule cause de la fièvre purpérale. C'est ce que découvrira Semmelweis un peu plus tard : de la matière putride provenant d'organismes vivants peut aussi être une source d'infection.
Une hypothèse peut donc être fausse, même si les tests expérimentaux ne l'invalident pas!
Carl Hempel
Eléments d'épistémologie (1966), ch. 2 La recherche dans les sciences : invention et test. Trad. Bertrand Saint-Sernin, Armand Colin, pp. 5-8
Finalement, au début de 1847, un accident fournit à Semmelweis l'indice décisif pour résoudre son problème. Un de ses confrères, Kolletschka, lors d'une autopsie qu'il pratiquait avec un étudiant, eut le doigt profondément entaillé par le scalpel de ce dernier et il mourut après une maladie très douloureuse, au cours de laquelle il eut les symptômes mêmes que Semmelweis avait observés sur les femmes atteintes de la fièvre puerpérale. Bien que le rôle des microorganismes dans les affections de ce genre ne fût pas encore connu à cette époque, Semmelweis comprit que la " matière cadavérique " que le scalpel de l'étudiant avait introduite dans le sang de Kolletschka avait causé la maladie fatale de son confrère. La maladie de Kolletschka et celle des femmes de son service évoluant de la même façon, Semmelweis arriva à la conclusion que ses patientes étaient mortes du même genre d'empoisonnement du sang: lui, ses confrères et les étudiants en médecine avaient été les vecteurs de l'élément responsable de l'infection. Car lui et ses assistants avaient l'habitude d'entrer dans les salles d'accouchement après avoir fait des dissections dans l'amphithéâtre d'anatomie et d'examiner les femmes en travail en ne s'étant lavé que superficiellement les mains, si bien qu'elles gardaient souvent une odeur caractéristique.
Semmelweis mit alors son idée à l'épreuve. Il raisonna ainsi: s'il avait raison, la fièvre puerpérale pourrait être évitée en détruisant chimiquement l'élément infectieux qui adhérait aux mains. Il prescrivit donc à tous les étudiants en médecine de laver leurs mains dans une solution de chlorure de chaux avant d'examiner une patiente. La mortalité due à la fièvre puerpérale commença rapidement à baisser et, en 1848, elle tomba à 1,27 % dans ce premier service contre 1,33 dans le second.
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