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Georges
Gusdorf

Langage - Violence

 
         

La Vertu de la force

 

 

La violence est cette impatience dans le rapport à autrui, qui désespère d'avoir raison par raison et choisit le moyen court pour forcer l'adhésion. Si l'ordre humain est l'ordre de la parole échangée, de l'entente par la communication, il est clair que le violent désespère de l'humain et rompt le pacte de cette entente entre les personnes où le respect de chacun pour chacun se fonde sur la reconnaissance d'un même arbitrage en esprit et en valeur. [...]
La violence se situe à l'opposé de la force, car l'énergie qu'elle met en oeuvre est l'énergie du désespoir. [...] Toute violence, par-delà le meurtre du prochain, poursuit son propre suicide. Elle est en effet destruction de soi. [...]
Mais il arrive que le violent, une fois hors de soi, ne puisse à nouveau se posséder. Il fait confiance à la violence, méthodiquement, comme on le voit dans le domaine de la terreur, instrument jadis et naguère, et aujourd'hui encore, de la fausse certitude. La violence se fait institution et moyen de gouvernement : dragonnades, inquisition, univers concentrationnaire et régimes policiers ; il a existé et existe encore une civilisation de la violence, monstrueuse affirmation de la certitude qui rend fou, selon la parole de Nietzsche. À travers l'histoire, les persécutions et les guerres maintiennent le pire témoignage que l'humanité puisse porter contre elle-même.

 


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