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Ce que Saussure appelle le "langage" est la capacité linguistique appartenant naturellement à tout être humain et diversement réalisée en chacun. C'est en ce sens qu'on peut parler d'hétérogénéité, alors que la langue, étant la même pour tous, est homogène.
En ce sens que le signe linguistique est conventionnel. C'est un symbole au sens de Peirce.
Pour pouvoir étudier la langue, Saussure rejette hors de la linguistique tout ce qui concerne l'énonciation, c'est-à-dire l'utilisation singulière de la langue par un locuteur (ce qu'il appelle la parole). Plus tard, Emile Benveniste remettra à l'honneur en linguistique la prise en compte du contexte d'énonciation. La partie de la inguistique qui étudie la parole, par opposition à la langue s'appelle la pragmatique.
Une langue (le Français, l'Anglais, etc.) est un système de signes qui existe indépendamment des individus qui la parle.
Les développements récents de la pragmatique* donnent tort à Saussure sur ce point.
Saussure veut dire par là que le signe vocal, par exemple, n'est pas l'association d'un son et d'un concept, mais d'une image accoustique et d'un concept; l'image accoustique étant une réalité psychique dans le cerveau.
Jakobson appelle "métalinguistique" cette fonction du langage qui consiste à utiliser le langage pour parler du langage lui même.
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Ferdinand de Saussure Langage - Langue - Parole |
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Cours de linguistique générale,(1906-1911), Payot, 1975 |
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En séparant la langue de la parole, on sépare du même coup : 1° ce qui est social de ce qui est individuel ; 2° ce qui est essentiel de ce qui est accessoire et plus ou moins accidentel. La langue n'est pas une fonction du sujet parlant, elle est le produit que l'individu enregistre passivement. (...) La parole est au contraire un acte individuel de volonté et d'intelligence. (...) Récapitulons les caractères de la langue : 1° Elle est un objet bien défini dans l'ensemble hétéroclite des faits de langage. On peut la localiser dans la portion déterminée du circuit où une image auditive vient s'associer à un concept. Elle est la partie sociale du langage, extérieure à l'individu, qui à lui seul ne peut ni la créer ni la modifier ; elle n'existe qu'en vertu d'une sorte de contrat passé entre les membres de la communauté. D'autre part, l'individu a besoin d'un apprentissage pour en connaître le jeu ; l'enfant ne se l'assimile que peu à peu. Elle est si bien une chose distincte qu'un homme privé de l'usage de la parole conserve la langue, pourvu qu'il comprenne les signes vocaux qu'il entend. 2° La langue, distincte de la parole, est un objet qu'on peut étudier séparément. Nous ne parlons plus les langues mortes, mais nous pouvons fort bien nous assimiler leur organisme linguistique. Non seulement la science de la langue peut se passer des autres éléments du langage, mais elle n'est possible que si ces autres éléments n'y sont pas mêlés. 3° Tandis que le langage est hétérogène, la langue ainsi délimitée est de nature homogène : c'est un système de signes où il n'y a d'essentiel que l'union du sens et de l'image acoustique, et où les deux parties du signe sont également psychiques. 4° La langue n'est pas moins que la parole un objet de nature concrète, et c'est un grand avantage pour l'étude. Les signes linguistiques, pour être essentiellement psychiques, ne sont pas des abstractions ; les associations ratifiées par le consentement collectif, et dont l'ensemble constitue la langue, sont des réalités qui ont leur siège dans le cerveau. En outre, les signes de la langue sont pour ainsi dire tangibles ; l'écriture peut les fixer dans des images conventionnelles, tandis qu'il serait impossible de photographier dans tous leurs détails les actes de la parole .(...) C'est cette possibilité de fixer les choses relatives à la langue qui fait qu'un dictionnaire et une grammaire peuvent en être une représentation fidèle. LOG | Accueil | Programmes | Banque de textes
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