La politique


La société
et l'état

Synthèse

La politique
La société et l'état




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La politique, la société et l'état

 

La démocratie


« Démocratie » vient de « Demos », peuple et « Kratos », pouvoir.

La démocratie est par définition un état dans lequel la souveraineté appartient à la totalité des citoyens sans distinction de naissance, de fortune ou de capacité. C’est un terme polémique. Jusqu’au XVIIIe siècle, le terme avait une connotation péjorative sous l’influence de Platon et Aristote, opposés aux sophistes. Les sophistes (en particulier Protagoras) pensaient que tous les hommes possédaient en principe la « politike techne », c’est-à-dire l’art du jugement politique et l’art de gouverner. Platon et Aristote au contraire prétendaient que seule l’élite (« aristoï », les meilleurs) naturellement supérieure avait cette capacité. (Thèse d’Aristote sur l’esclave par nature: certains naissent pour obéir, d'autres pour gouverner).

Rousseau, en tant que démocrate, critique la théorie d’Aristote (Du Contrat social, Livre I, ch. 2 et 3).

La conception rousseauiste du contrat social peut être considérée comme l'énoncé des conditions de possiblilité théoriques de la démocratie.

À partir du XVIIIe siècle, sous l’influence de Rousseau, le terme devient laudatif. Après avoir été une injure, il devient un slogan. Le mot d’ordre « démocratie » domine les débats politiques de notre époque. Même certains régimes totalitaires s'en réclament.

« Le mot d’ordre « démocratie » domine les esprits à notre époque d’une façon presque générale. Mais précisément pour cette raison, le mot, comme tout mot d’ordre, perd son sens précis. Par le fait que pour obéir à la mode politique on croit devoir l’utiliser à toutes les fins possibles et en toute occasion. cette notion dont on abuse plus que de tout autre notion politique prend les sens les plus divers, voire même contradictoires.» Hans Kelsen, La Théorie pure du droit

Au-delà des polémiques, essayons d’analyser ce concept. La démocratie est

  1. une manière d’être des institutions (une modalité de l’État)
  2. une exigence morale (un art de vivre et une idéologie)

Dans les deux cas, le démocratie se présente comme une tentative pour réconcilier l’individu et la société du point de vue de l’autorité et du point de vue de la vie en communauté.

1.La démocratie comme modalité de l’État

Du point de vue du pouvoir étatique, institutionnel, trois questions se posent :

  1. De qui le pouvoir vient-il? A quel titre est-il exercé? (Problème de la source du pouvoir)
  2. Par qui le pouvoir est-il exercé? (Problème de l’instrument du pouvoir)
  3. Pour qui le pouvoir s'exerce-t-il? (Problème de la finalité du pouvoir)

De qui ?

Le nombre que ne distingue ni la naissance, ni les qualités, ni la puissance est la source du pouvoir démocratique. Autrement dit, le peuple est le titre démocratique.

Par qui ?

Le pouvoir qui émane du peuple est aussi exercé par le peuple. À la limite, il doit y avoir complète coïncidence entre les gouvernants et les gouvernés. (Thèse de la volonté générale dans Du Contrat social de Rousseau.) Le problème est que la démocratie directe qui seule réalise cette exigence n’est possible que dans de très petites communautés. Toutes les démocraties modernes sont représentatives, c’est-à-dire que le pouvoir n’est pas exercé par le peuple mais par les représentants du peuple. À la question « par qui? » il faut répondre non pas « par tous » mais « par quelques-uns choisis parmi tous ».

Pour qui ?

En principe, pour tous, pour le peuple tout entier. En pratique, pour le plus grand nombre.

Donc en principe, un état démocratique est un état (la formule est de Périclès)

En pratique, il s’agit toujours d’une approximation (lnon le peuple mais la majorité du peuple).

Remarquons que cette approximation est une faiblesse, puisque l’idéal démocratique n’est jamais réalisé, mais c’est aussi une garantie contre l’autoritarisme. En effet, en reconnaissant la démocratie comme un idéal à atteindre et non comme une réalité, on reconnaît la possibilité d’un conflit d’intérêt entre des individus ou des groupes d’individus et donc la possibilité de la contestation par ceux qui se sentent lésés, voire même, leur droit à l’insurrection.

Les régimes autoritaires (ex. : les régimes fascistes) en prétendant représenter l’intérêt de tous (ou plutôt du Tout qu’est l’État) et en niant la réalité des conflits sociaux, nient la possibilité de s’opposer au pouvoir et donc la nécessité de la contestation.

2. La démocratie comme art de vivre et idéologie

Un Art de vivre (manière d’être)

Il apparaît dans l’emploi de l’adjectif « démocratique » et l’adverbe « démocratiquement ». Ces expressions qualifient un certain mode de relation entre les membres d’une communauté dont l’essence est d’une part la liberté, d’autre part l’égalité.

« Parmi les objets nouveaux qui pendant mon séjour en Amérique ont attiré mon attention, aucun n’a plus vivement frappé mon regard que l’égalité des conditions. » Alexis de Tocqueville, De la Démocratie en Amérique

Traiter les autres d’égal à égal, voilà l’esprit démocratique. C’est pourquoi Tocqueville dit aussi que l’opposé de la démocratie n’est pas la monarchie mais l’aristocratie parce que le principe de l’aristocratie est l’inégalité, alors que tout le monde est également vassal d’un roi.

Une idéologie (système d’idées)

La démocratie s’appuie sur l’individualisme (primat de l’individu sur le groupe). Cet individualisme s’appuie à son tour sur trois idées force :

3. Les différentes options démocratiques

Le défi démocratique est de réussir à concilier liberté et égalité. Il ne suffit pas en effet de garantir des droits formels, il faut aussi assurer l'égalité des chances.

Formel/Matériel

Face à ce problème, il y a deux stratégies opposées :

  1. « Garantissons la liberté, l’égalité viendra de surcroît. » C’est l'option privilégiée par les démocraties libérales.
  2. « Établissons l’égalité, la liberté viendra de surcroît. » C’est l'option des démocraties socialistes.

Ces deux stratégies reposent sur un acte de foi. Quel est le bon choix ? On ne peut pas décider à priori. L’histoire jugera. Cependant, on peut constater que jusqu’à présent, le libéralisme radical n’a jamais engendré spontanément l’égalité. Les mesures sociales dans les démocraties libérales sont toujours imposées sous la contrainte d’une législation appropriée. Par ailleurs la liberté attend toujours son heure dans les démocraties socialistes inspirées du matérialisme historique de Marx — celles qui ne se sont pas encore écroulées. On peut douter que cette heure sonne un jour. Une fois de plus, la solution serait peut-être un compromis. Mais là encore, cet espoir est-il utopique ?

Il faut se souvenir que la concertation et la discussion sont essentielles à la démocratie et que, quelles que soient les options privilégiées à un moment donné, celles-ci doivent toujours être sujettes à des remises en question et des réajustements circonstanciés.

4. Démocratie et opinion

La démocratie est risquée : elle n’est jamais garantie. En démocratie, la critique du pouvoir qui repose sur la liberté d'opinion et d'expression est essentielle.

Mais l’opinion publique est manipulable, d’où l’importance de l’éducation populaire pour toute démocratie authentique. Le vote populaire majoritaire n'est un garant de liberté et d'égalité que si ce vote est un vote éclairé.




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