Ludwig Wittgenstein
1889-1951
Philosophe autrichien.
Après des études d'ingénieur, Wittgenstein va à Cambridge suivre les cours de Russell.
Engagé dans l'armée autrichienne pendant la Première Guerre mondiale, il écrit le seul ouvrage publié de son vivant, son Tractatus logico-philosophique.
Il enseigne à Cambridge de 1929 à 1947.
Le langage-image et les limites de l'exprimable
Le Tractatus se situe dans la ligne de l'atomisme logique de Russell, conception selon laquelle les énoncés complexes peuvent être analysés en propositions simples dites "atomiques", indépendantes les unes des autres et exprimant des faits eux-mêmes indépendants.
Wittgenstein tente de mettre à jour la structure logique du langage et de répondre à la question: "Que peut-on exprimer?". Fidèle au principe d'atomicité de l'atomisme logique, Wittgenstein considère que, dans la mesure où le langage a un sens, il produit une image du monde constituée de propositions complexes obtenues par combinaison de propositions simples représentant des états de faits. La valeur de vérité d'une proposition complexe ne dépend que de la valeur de vérité des propositions simples dont elle est composée, laquelle s'évalue en terme de correspondance entre la proposition et le fait réel qu'elle représente.
Pour qu'une proposition puisse représenter un fait, et donc avoir un sens, il faut que sa structure logique corresponde à la structure du fait en question. Les éléments du langage se comportent donc entre eux de la même façon que les éléments du réel et la vérité est la correspondance entre une proposition et un état de fait réel.
Cette conception du langage pose les limites de l'exprimable: les limites du langage sont les limites de notre monde.
"Il y a assurément de l'inexprimable. Celui-ci se montre, il est l'élément mystique. Ce dont on ne peut pas parler, il faut le taire." Tractatus logico-philosophique
Ainsi, on ne peut parler ni du langage lui-même, ni du sens global du monde, ni de la position du sujet parlant dans le monde car ce ne sont pas des faits.
L'analyse du langage ordinaire
A partir de 1920, Wittgenstein renonce à l'atomisme logique et à la conception du langage qu'il implique. Il n'y a pas de propositions absolument simples ni de faits indépendants. Tout dépend du contexte et des "jeux de langages" dans lesquels on est impliqué.
On ne peut pas réfléchir sur la signification d'une proposition indépendamment de l'usage contextuel que l'on en fait. C'est l'analyse du langage ordinaire et de ses usages qui permet de clarifier les débats philosophiques et non l'analyse logique. La distinction entre sens et non-sens n'est plus stricte. Tous les jeux de langage son légitimes d'un certain point de vue et la science n'est qu'un jeu de langage parmi d'autres.
Ce que l'on a appelé la "Seconde Philosophie" de Wittgenstein va inspirer les philosophes du langage ordinaire comme Strawson, Ryle et Austin.
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