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Wittgenstein

Remarques philosophiques VI, 57-66
(1929 - 1930)

Ludwig Wittgenstein, Remarques philosophiques, édition posthume de Rush Rhees, trad. Jacques Fauve, Gallimard, 1975.

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Aide à la lecture

57. L'emploi du mot " je " est une des formes de re-présentation les plus fallacieuses de notre langage, en particulier là où celui-ci a recours au " je " pour re-présenter l'expérience vécue immédiate - comme dans : " Je vois une tache rouge. "
Aussi serait-il riche d'enseignement de remplacer cette façon de s'exprimer par une autre dans laquelle l'expérience vécue immédiate ne serait pas re-présentée à l'aide du pronom personnel ; parce que ce faisant on pourrait voir que cette re-présentation n'est pas essentielle aux faits. Non que la re-présentation nouvelle soit en quelque sens que l'on veuille plus correcte que la première, mais son utilité, sa seule utilité, serait de montrer clairement ce qu'est d'un point de vue logique l'essentiel de la re-présentation.
Les pires erreurs philosophiques apparaissent toujours lorsque l'on veut appliquer notre langage ordinaire - physique - au domaine du donné immédiat.
Si l'on demande par exemple:
" La caisse existe-t-elle encore si je ne la regarde pas ? ",
la seule réponse correcte serait :
" Assurément, si personne ne l'a prise ou détruite. "
Naturellement le philosophe ne se satisferait pas de cette réponse mais c'est tout à fait à juste titre qu'elle entraînerait ad absurdum sa façon de poser la question.

Toutes nos formes de discours sont issues du langage physique normal et ne sont pas à employer en théorie de la connaissance ou en phénoménologie, à moins de jeter un éclairage faux sur l'objet.

La simple formulation " je perçois x " est déjà issue d'une façon de s'exprimer liée au monde physique et x sera ici un objet physique - par exemple un corps. Il est déjà faux d'utiliser cette tournure en phénoménologie où x se réfère forcément à un donné Alors en effet " je ", comme " perçois ", ne peuvent non plus avoir le même sens que plus haut.




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